Lors de son allocution à la conférence d’Al-Azhar sur la formation des réformateurs, le Mufti de la République affirme : Al-Azhar al-Charif est une source pionnière dans la formation des rénovateurs et des réformateurs, grâce à ses méthodes scientifiques rigoureuses et aux éminents cheikhs dont Allah l’a gratifié, lesquels ont sincèrement voué leur intention et consacré leur vie au service de leur religion et de leur communauté.

Son Éminence le Professeur Dr. Nazir Mohamed ‘Ayyad, Mufti de la République et Président du Secrétariat général des institutions de fatwa dans le monde, a affirmé qu’al-Azhar al-Charif a toujours été – et demeure – une source pionnière dans la formation des rénovateurs et des réformateurs, en tout temps et en tout lieu, grâce à ses programmes scientifiques rigoureux qui allient authenticité et modernité, et grâce aux éminents cheikhs dont Allah l’a gratifié, lesquels ont sincèrement voué leur intention et consacré leur vie au service de leur religion et de leur communauté. Ils ont été des modèles exemplaires et un don précieux pour l’humanité tout entière.
Il a précisé que la formation des réformateurs à al-Azhar repose sur trois axes principaux :
- L’enseignement de programmes scientifiques rigoureux, fondés sur la réflexion approfondie, la stimulation intellectuelle et la bonne compréhension, afin que l’étudiant sorte pleinement qualifié dans les sciences de la charia, selon une méthodologie unique ;
- Le renforcement de l’intégration des connaissances entre les sciences, les cultures et les disciplines, de sorte que l’étudiant soit parfaitement informé des fondements des sciences islamiques et des sciences humaines, ce qui lui permet de les aborder avec une vision centrée sur la modération et l’équilibre ;
- La sélection des étudiants les plus brillants et les plus distingués parmi les fils d’al-Azhar, en leur apportant le soutien nécessaire et une prise en charge scientifique et sociale particulière, afin qu’ils portent haut l’étendard réformateur et modéré d’al-Azhar dans le présent comme dans l’avenir.
Cette déclaration a été faite lors de son allocution au premier colloque scientifique intitulé : « Al-Azhar et la formation des réformateurs », organisé par la Faculté des sciences islamiques pour les étudiants étrangers à l’Université al-Azhar au Caire.
Son Éminence le Mufti de la République a évoqué l’une des figures les plus éminentes parmi les réformateurs formés et éduqués par al-Azhar al-Charif dans un esprit réformateur unique : le professeur érudit Mohammed al-Bahi (qu’Allah lui fasse miséricorde), devenu l’un des symboles du renouveau et de la pensée dans l’époque contemporaine. Il constitue un prolongement naturel de l’école du renouveau et de la réforme portée par l’imam Mohammed ‘Abduh (qu’Allah lui fasse miséricorde). Il a souligné que ses recherches et ses études ont abordé tous les domaines du savoir et de la connaissance, au service de l’islam et dans le but de proposer des solutions aux problématiques de la société. Il a ainsi fait de ce travail intellectuel une base à partir de laquelle il a lancé son projet de réforme institutionnelle, notamment après sa nomination en tant que ministre des Affaires religieuses et des Affaires d’al-Azhar en 1962.
Son Éminence a insisté sur le fait qu’al-Azhar al-Charif a contribué de manière sérieuse et durable à la formation de la personnalité du Dr. Mohammed al-Bahi et à l’élaboration de son parcours scientifique et réformateur. Depuis son entrée à l’Institut religieux de Desouk en 1917, en passant par ses études à l’Institut de Tanta, l’obtention de la licence à al-Azhar au Caire, jusqu’à l’obtention de son doctorat à l’Université de Hambourg en Allemagne en 1936 – avec une thèse intitulée : « Le cheikh Mohammed ‘Abduh et l’éducation nationale en Égypte » – se dessinent les contours d’une formation azharienne rigoureuse et apparaît clairement l’héritage réformateur qu’il a porté et intégré à sa pensée et à ses prises de position.
Le Mufti de la République a ajouté que le projet intellectuel et réformateur du Dr Mohammed al-Bahi (qu’Allah lui fasse miséricorde) s’est structuré autour de plusieurs axes importants. Le premier consiste à affronter la pensée matérialiste, à déconstruire ses fondements philosophiques, à réfuter ses prétentions et à répondre aux allégations de ses partisans à l’encontre de l’islam et de l’histoire islamique, tout en dévoilant la fausseté de ses slogans trompeurs promus sous des appellations séduisantes comme la "scientificité", la "progressivité" ou encore "l’humanisme", qui ne sont en réalité que des passerelles pour infiltrer la pensée antireligieuse dans les esprits des jeunes.
Son Éminence a indiqué que son ouvrage intitulé « L’incohérence de la pensée matérialiste historique entre théorie et application » constitue un modèle brillant de critique des thèses marxistes, exposant leur incapacité à réaliser la soi-disant "justice sociale" ou à instaurer une société sans classes.
Le deuxième axe – tel que précisé par Son Éminence – est la confrontation avec les doctrines destructrices qui cherchent à ébranler les fondements et à semer le doute dans la foi et les valeurs de la société. Le Dr al-Bahi (qu’Allah lui fasse miséricorde) a ainsi fourni de vastes efforts pour dévoiler les objectifs de la laïcité, de la franc-maçonnerie et de l’athéisme, ainsi que pour réfuter les soupçons émis par les orientalistes. Il a été l’un des pionniers dans la réponse aux tenants de la déconstruction et du scepticisme. Son livre « L’islam face aux doctrines destructrices » en est une preuve éclatante, témoignant de la solidité de sa pensée et de la fermeté de ses positions.
Quant au troisième axe – selon les précisions du Mufti – il s’agit de présenter l’islam comme un système divin complet, capable de traiter les problématiques sociétales contemporaines, après avoir purifié le paysage intellectuel des doutes et des concepts étrangers. Le Dr al-Bahi a abordé cet aspect dans trois de ses ouvrages : « L’islam face aux problèmes des sociétés islamiques contemporaines », « L’islam comme système de vie », et « L’islam et l’économie », posant les fondements d’une réforme politique, économique et sociale, avec une vision mature alliant les constantes de la charia et les besoins humains en constante évolution.
Son Éminence le Mufti a indiqué que les contributions du Dr Mohammed al-Bahi ne se sont pas limitées aux sphères académiques ou aux fonctions officielles. Il fut en réalité un homme doté d’une vision réformatrice globale, capable de renouveler les concepts de la pensée islamique et d’enraciner les valeurs de l’équilibre entre authenticité et modernité. Il a constamment affirmé la nécessité de concilier les principes immuables de la charia avec les exigences de l’époque, sans excès ni négligence.
Qu’Allah lui fasse miséricorde, il a abordé dans ses écrits les problématiques de la jeunesse et les défis de la raison musulmane, s’efforçant de fonder une conscience civilisationnelle solide, capable de permettre à la communauté de se relever dans le respect de ses valeurs et de son identité.
Le Mufti a également précisé que le rôle réformateur assumé par le Dr al-Bahi (qu’Allah lui fasse miséricorde) a eu un impact profond sur l’édification de la pensée islamique contemporaine et sur l’affrontement des défis imposés par la réalité sociopolitique de son époque. Cela se manifeste clairement dans son ouvrage rigoureux : « La pensée islamique moderne et son rapport au colonialisme occidental », ainsi que dans ses efforts constants pour contrer l’expansion de la pensée irréligieuse et marxiste, et pour corriger les conceptions erronées qui surgissent périodiquement au sujet de l’islam et de ses fondements. Sa pensée modérée, nourrie par la tradition d’al-Azhar, a grandement contribué à présenter l’islam tel qu’il est : pur, limpide, éloigné des falsifications des extrémistes et des interprétations malveillantes.
Le Mufti de la République a enfin souligné la nécessité d’investir dans la formation des réformateurs, en les préparant de manière éclairée, alliant savoir et action, afin qu’ils soient aptes à porter la bannière de la réforme religieuse et sociale, tant aujourd’hui qu’à l’avenir, dans un cadre équilibré entre les constantes de la religion et les données de leur époque. Il a appelé à renforcer la coopération et l’harmonisation entre les institutions religieuses et civiles, pour réaliser les espoirs et aspirations visés.
À la fin de son discours, Son Éminence le Mufti de la République a adressé des prières pour la miséricorde et le pardon de feu le professeur Dr Mahmoud Tawfiq – qu’Allah lui fasse miséricorde – saluant son rôle éminent dans le soutien aux causes de la réforme. Il a souligné qu’il fut l’un des principaux artisans de la tenue de cette importante rencontre scientifique, reconnu pour son effort sincère et sa dévotion au service du savoir et de la prédication.
Il a insisté sur le fait que les questions de réforme à al-Azhar al-Charif n’ont jamais été un sujet passager, et ne le seront jamais, car le processus de renouveau d’al-Azhar est une démarche continue, à travers le temps et l’espace, tirant sa force d’un héritage profondément enraciné et d’une réalité changeante qui exige conscience et responsabilité.
Il a également mis en lumière la position d’al-Azhar concernant la cause palestinienne – en particulier la tragédie de Gaza – en tant que preuve éclatante de la poursuite de cette démarche réformatrice, comme en témoignent les déclarations officielles, les conférences de soutien, ainsi que les efforts déployés par Son Éminence le Grand Imam, Dr Ahmad al-Tayyeb, Cheikh d’al-Azhar, dans divers forums, confirmant la fermeté de la position et la profondeur du message.
Ont également participé à ce congrès avec des interventions scientifiques de haut niveau : Son Éminence Pr. Dr Oussama al-Azhari, ministre des Affaires religieuses ; Son Éminence Pr. Dr Salama Dawoud, président de l’université al-Azhar ; Son Éminence Pr. Dr Mahmoud Seddiq, vice-président de l’université al-Azhar ; Son Éminence Pr. Dr Mohammed Abdel Dayem al-Jundi, secrétaire général du Complexe des Recherches islamiques ; et Mme Pr. Dr Nahla al-Saidi, doyenne de la Faculté des Sciences islamiques pour les étudiants étrangers et présidente du congrès.
Le congrès a également vu la présence des vice-présidents de l’université, des doyens des facultés, d’un grand nombre de membres du corps professoral de l’université et de responsables d’al-Azhar al-Charif.