Lors de son allocution à un séminaire à l’Université de Damiette, le Grand Mufti de la République a affirmé que le monde d’aujourd’hui fait face à une guerre où le sang ne coule pas, mais qui vise la conscience, la raison et l’identité, tout en s’attaquant à la langue, à l’histoire et à la civilisation.
Le Professeur Docteur Nazir Mohamed ‘Ayyad, Grand Mufti de la République et président du Président du secrétariat général des Institutions de Fatwa dans le monde, a affirmé que le monde d’aujourd’hui fait face à un nouveau type de guerre qui vise la conscience, la raison et l’identité.
Une guerre où le sang ne coule pas, mais où les esprits et les idées sont atteints, une guerre qui s’attaque à la langue, à l’histoire et à la civilisation, qui menace les constantes de la nation, sème le doute dans les âmes et le désespoir dans les cœurs.
Avec l’expansion des réseaux sociaux et la multiplicité des plateformes de diffusion et de contenu, les rumeurs sont devenues l’arme la plus dangereuse, utilisée pour ébranler la confiance en soi, affaiblir le sentiment d’appartenance nationale et dénaturer les vérités établies.
Il a souligné que l’Université de Damiette a eu raison de choisir ce sujet crucial pour le mettre au centre du débat, car la guerre à notre époque n’est plus seulement matérielle, comme nous l’avons connue dans le passé, avec ses effets dévastateurs sur les âmes, les biens et l’humanité, provoqués par une entité tyrannique qui ne respecte ni la dignité humaine ni la religion de Dieu, dans une guerre qui dure depuis plus de deux ans à Gaza et qui a révélé au monde l’ampleur des destructions et des souffrances engendrées par les conflits.
Ces propos ont été tenus lors de son discours prononcé à la conférence organisée par l’Université de Damiette, intitulée « Entre vérité et mensonge… Une vision scientifique pour faire face aux fausses allégations ».
Le Grand Mufti y a expliqué qu’aucun de nous n’a échappé aux effets et aux dangers des rumeurs, et que nous avons tous vu comment elles ont pu détruire des États et des peuples autrefois cités en exemple pour leurs avancées matérielles, militaires et scientifiques.
Il a ajouté que des nations ayant atteint un haut degré de développement et de progrès technologique ont été anéanties par ces rumeurs trompeuses, confirmant que le danger d’une parole falsifiée n’est pas moindre que celui d’une balle meurtrière.
Le Grand Mufti a ajouté que l’effet des rumeurs ne se limite pas à ceux qui les propagent ou à ceux qu’elles visent, mais qu’il s’étend à des conséquences matérielles, psychologiques et sociales graves pour les sociétés. Il a expliqué que la rumeur, en réalité, n’est qu’une opinion, une idée ou un point de vue que son auteur cherche à diffuser et propager sans aucun cadre moral, religieux, coutumier ou juridique, ignorant ainsi les valeurs fondatrices des sociétés droites, établies pour protéger la dignité humaine et préserver la paix sociale.
Le Mufti de la République a souligné que les valeurs, les coutumes et les traditions sur lesquelles la société a été élevée suffisaient autrefois à protéger les gens de la dérive vers le mensonge, mais que l’ère de la technologie moderne et des réseaux sociaux a affaibli ces principes chez beaucoup.
Seuls ceux qui possèdent une moralité élevée et un esprit équilibré y demeurent attachés.
Il a également indiqué que l’une des causes les plus dangereuses de la propagation des rumeurs est la course effrénée de certaines personnes derrière ce qu’on appelle le “tendances” (ou “trend”), sans conscience ni responsabilité. C’est pourquoi Dieu Tout-Puissant dit :
« Ô vous qui croyez ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, vérifiez-en la véracité » (Coran, sourate 49, verset 6).
Le Grand Mufti a insisté sur le fait que tout individu doit faire preuve de discernement et d’intelligence lorsqu’il reçoit une information, et s’assurer de sa véracité et de sa source avant de la diffuser. Le Prophète ﷺ a d’ailleurs averti du péché que cela représente, en disant :
« Il suffit à l’homme pour être pécheur de rapporter tout ce qu’il entend. »
Et il a précisé que le danger de cette attitude peut même atteindre le degré de l’hypocrisie, que Dieu a décrite ainsi :
« Les hypocrites seront au plus bas degré du Feu » (Sourate An-Nisâ’, verset 145).
Le Prophète ﷺ a également dit :
« Les signes de l’hypocrite sont au nombre de trois : quand il parle, il ment. »
Le Grand Mufti a expliqué que l’une des causes de la propagation des rumeurs réside également dans la mauvaise utilisation des technologies modernes, appelant à les employer dans des domaines positifs qui servent la conscience et la connaissance, et mettant en garde contre leur usage dans la diffusion du mensonge et la nuisance. Il a cité la parole de Dieu Très-Haut :
« Ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance. L’ouïe, la vue et le cœur — tous seront interrogés à ce sujet » (Sourate Al-Isrâ’, verset 36), ainsi que Sa parole : « Il ne prononce pas une parole sans avoir auprès de lui un observateur prêt à l’inscrire » (Sourate Qâf, verset 18).
Le Grand Mufti a souligné que la conscience et l’autocontrôle constituent la véritable forteresse face au mensonge des rumeurs, rappelant que la parole est un dépôt (une responsabilité), et que celui qui craint Dieu dans ses paroles et ses actes contribue à bâtir sa patrie et à protéger sa société.
Il a ajouté que l’usage des technologies modernes dans les domaines de divertissement licite n’est pas répréhensible, tant que l’homme garde la crainte de Dieu dans leur utilisation, en les transformant en moyens de bien et non en portes du mal. De même, l’emploi des outils technologiques au service de la recherche scientifique est encouragé, car ils sont une voie pour restaurer la dignité humaine et construire la connaissance. Il a illustré cela en rappelant que le Prophète ﷺ avait envoyé certains de ses compagnons apprendre les langues, la lecture et l’écriture, conscient de l’importance du savoir et de son rôle dans la renaissance des nations, et désireux de tirer profit des acquis de son époque.
Le Grand Mufti a précisé que l’absence de conscience religieuse constitue l’une des principales causes de l’implication dans la diffusion des rumeurs, avertissant les jeunes contre les appels qui cherchent à séparer la religion de la réalité ou à en minimiser la valeur.
Car la religion est ce qui inculque à l’homme le sens de la responsabilité morale, et le pousse à respecter la vérité et le devoir, même lorsqu’il est seul et à l’abri du regard des autres, que la sanction soit appliquée ou non.
Il a donné pour exemple celui qui, seul devant son écran, s’expose à ce que Dieu a interdit, rappelant que l’absence de surveillance spirituelle est le premier pas vers la déviation.
Il a cité à ce propos la parole du Prophète ﷺ :
« Le péché est ce qui trouble ton âme et te met mal à l’aise dans ton cœur. »
Le Grand Mufti a attiré l’attention sur le fait que l’absence de conscience religieuse conduit à mépriser les droits et les devoirs, et à transgresser les interdits sacrés.
Il a expliqué que les rumeurs détruisent les cinq finalités fondamentales que la Loi islamique est venue préserver : la religion, la vie, la raison, l’honneur et les biens — des piliers que la patrie elle-même cherche à protéger et à sauvegarder. Il a ajouté que les rumeurs peuvent détruire les foyers et ébranler les civilisations, citant l’épisode du mensonge (ḥadîth al-ifk), lorsque les hypocrites propagèrent une calomnie diffamatoire visant la maison du Prophète ﷺ, plongeant Médine dans le trouble. Le Prophète ﷺ en souffrit profondément, affecté dans son noble cœur, alors que les auteurs de cette rumeur ne respectèrent ni son rang ni sa dignité.
C’est là, a-t-il souligné, une leçon éternelle qui enseigne la nécessité de vérifier les informations avant de les diffuser. Il a ajouté que l’homme honorable et vertueux doit préserver la réputation d’autrui, même s’il a entendu une vérité, citant la parole de ʿUmar ibn al-Khaṭṭāb (que Dieu l’agrée) :
« Pourquoi ne l’as-tu pas couvert de ton vêtement ? » — adressée à celui qui voulait répandre le péché de son frère.
Le Grand Mufti a ensuite expliqué que la lutte contre les rumeurs repose sur plusieurs principes essentiels, parmi lesquels :
– transmettre les informations à partir de leurs sources officielles,
– éviter la précipitation dans les jugements,
car Dieu a fait de l’homme Son vicaire sur terre pour bâtir et édifier, non pour détruire et corrompre.
Il a cité la parole du Prophète ﷺ :
« Qu’aucun de vous ne soit un suiveur aveugle (imma‘a) qui dit : si les gens font le bien, je ferai le bien, et s’ils font le mal, je ferai le mal ; mais habituez-vous à faire le bien quand les gens le font, et à éviter leur mal lorsqu’ils s’y adonnent. »
Son Éminence a également insisté sur la nécessité de bien comprendre les concepts liés aux rumeurs, affirmant que le terrorisme ne saurait être attribué aux religions, et que le jihad ne signifie pas l’agression. La religion, a-t-il rappelé, vient de Dieu : elle est la mesure droite qui règle la relation de l’homme avec son Seigneur et avec les autres.
Il a évoqué l’attitude du Prophète ﷺ lorsqu’il s’irrita en apprenant que certains de ses compagnons avaient brûlé un village de fourmis, et le récit de la femme à qui Dieu pardonna pour avoir abreuvé un chien assoiffé, rappelant que la miséricorde est l’essence même des religions et le cœur de la foi.
Enfin, le Grand Mufti a affirmé que la lutte contre les rumeurs est une responsabilité commune entre l’individu et la société, et que la conscience religieuse et morale est la véritable forteresse contre le mensonge et la manipulation. Il a appelé les jeunes à faire de la science et de la foi les deux ailes du progrès, et de la vérité et la miséricorde le chemin vers la construction d’une patrie forte, unie, vivant dans la lumière de la vérité et prospérant sur les fondations de la conscience et de la certitude.
Le Grand Mufti a mis en garde contre le suivisme aveugle des appels qui promeuvent des idées déviantes sous prétexte d’une liberté illusoire, telles que l’appel à l’homosexualité ou à l’athéisme, affirmant que ces idéologies représentent un danger réel pour les valeurs, la morale et la société. Elles détournent, selon lui, le concept de liberté de son sens authentique pour le faire glisser vers le désordre et la déchéance.
Il a ajouté que la relation entre un jeune homme et une jeune femme à l’université n’est pas une relation d’amitié ou d’ouverture absolue, mais une relation de camaraderie scientifique, encadrée par les règles de la religion, des coutumes et des traditions nobles, et régie par la conscience religieuse, qui préserve l’honneur, protège la dignité et élève le comportement.
Le respect de ces principes, a-t-il souligné, est le véritable signe de la noblesse et du respect de soi.
Le Mufti de la République a précisé que notre noble religion ne contient rien dont nous devrions avoir honte ; la vraie honte, a-t-il dit, réside dans le comportement de certains qui s’en réclament tout en la représentant mal ou en ignorant son essence. L’islam, dans sa nature même, est lumière, équilibre et miséricorde — sans extrémisme ni fermeture, sans excès ni abus commis au nom de la liberté.
Son Éminence a insisté sur la nécessité de replacer chaque chose à sa juste mesure, en conjuguant bonne intention et compréhension éclairée. Il a expliqué que l’être humain peut préserver sa foi et sa morale malgré les mutations de l’époque, à condition qu’il comprenne que Dieu a mis à sa disposition tout ce qui est dans les cieux et sur la terre pour qu’il en soit le maître et le responsable, non l’esclave de ses passions ou de ses désirs.
Il a affirmé que la surveillance intérieure (l’autocontrôle moral) constitue le cœur même de la foi, car c’est elle qui pousse l’homme à maîtriser ses actes, même en l’absence de tout regard humain, conscient que Dieu l’observe en tout instant.
Enfin, le Grand Mufti a rappelé que la liberté, en islam, n’est pas absolue ni sans limite : elle est encadrée par les valeurs et les finalités morales. La liberté de l’homme s’arrête là où commence le tort causé à autrui. La religion, loin d’abolir la liberté, la purifie, l’élève et la protège, car, comme l’a déclaré Son Éminence :
« Tu es libre tant que tu ne portes atteinte ni à la religion, ni à l’honneur, ni à la raison, ni aux bonnes mœurs, ni à la vie humaine. »
Son Éminence le Grand Mufti a recommandé aux étudiants de suivre la voie droite fondée sur les principes d’une religion authentique, et de développer des personnalités équilibrées, alliant force intellectuelle, spirituelle, physique et morale. Il a insisté sur l’importance de la fierté identitaire et de l’attachement aux valeurs fondamentales, tout en adoptant une ouverture d’esprit consciente, qui ne dépasse pas les limites de la religion, des coutumes et des traditions. Il les a également mis en garde contre le manque de respect envers les parents, les aînés et les professeurs, soulignant que leur respect fait partie intégrante de la morale prônée par l’islam.
Le Mufti de la République a conclu son allocution en affirmant que la conscience (ou la lucidité) est la véritable arme pour faire face à ces guerres invisibles, et que les universités et les institutions intellectuelles doivent jouer leur rôle dans la formation d’un esprit éclairé, capable de distinguer la vérité du mensonge. En effet, a-t-il ajouté, construire la conscience, c’est construire la patrie, préserver l’identité et réaliser la volonté divine d’édifier la terre par la vérité, le bien et la justice.
En signe de reconnaissance et d’estime, le Professeur Mohamed Abdu ‘Amâsha, vice-président de l’Université de Damiette, a remis le bouclier d’honneur de l’université à Son Éminence le Mufti, en hommage à ses efforts dans la diffusion de la conscience et la rectification des idées auprès des étudiants.
La conférence s’est tenue en présence du Professeur Mohamed Abdu ‘Amâsha, vice-président de l’Université de Damiette, du Professeur Mohamed Abdelhamid Shehab, vice-président chargé des études supérieures et de la recherche, du Général de brigade Mohamed Khalifa, conseiller militaire du gouvernorat, et de l’ingénieure Chaïma Seddik, vice-gouverneure de Damiette.
Y ont également assisté plusieurs doyens et vice-doyens de facultés, d’anciens présidents d’université, des membres du corps professoral, ainsi que des responsables exécutifs et universitaires du gouvernorat de Damiette, un groupe de prédicateurs et de prédicatrices de la région d’al-Azhar à Damiette, et un grand nombre d’étudiants de l’université.
Arabic
English
Deutsch
Urdu
Pashto
Swahili
Hausa
